8 septembre 2024

Des découvertes sur les origines de la vie et sur la lignée humaine sont l’occasion de prendre un peu de recul et avoir une réflexion sur le temps long (et lent). J’en profite pour vous sensibiliser à l’initiative sur la biodiversité, qui veut justement remettre la priorité sur le long terme.

L’ancêtre commun à tout le vivant actuel en partie décrypté

Sources: Le Monde, 27 août 2024, L’ancêtre commun à tout le vivant actuel en partie décrypté et Futura Science, sans date, Luca, dernier ancêtre commun universel, aurait-il été recréé en laboratoire ?

LUCA, notre ancêtre universel, refait surface en laboratoire. Des chercheurs ont recréé une cellule hybride, mélangeant les caractéristiques des bactéries et des archées. Cette prouesse scientifique relance le débat sur l’origine de la vie et remet en question nos théories sur l’évolution. LUCA, loin d’être un fossile, devient un sujet d’étude vivant et fascinant.

L'arbre de la vie

Image issue de l’article « Qui est Luca? » publié sur EchoSciences Grenoble le 15 novembre 2022.

LUCA : le chaînon manquant de l’évolution

LUCA est l’ancêtre commun de tous les êtres vivants actuels. Il aurait vécu il y a environ 4 milliards d’années. Son existence est déduite par l’analyse des génomes modernes.

LUCA, ou « Last Universal Common Ancestor », n’est pas une créature mythique, mais un véritable Graal pour les biologistes. Imaginez un organisme unicellulaire, vivant il y a 4 milliards d’années, qui serait l’arrière-arrière-grand-parent de toutes les espèces actuelles. Les chercheurs ne disposent d’aucun fossile de LUCA, mais son existence est révélée par l’étude des génomes modernes. Comme un détective remontant une lignée familiale, les scientifiques analysent les gènes communs à toutes les formes de vie pour reconstituer le patrimoine génétique de cet ancêtre universel. LUCA n’est donc pas le premier être vivant, mais plutôt le dernier survivant d’une époque où la vie commençait à peine à se diversifier sur Terre.

La renaissance de LUCA en laboratoire

Des chercheurs ont créé une cellule hybride inspirée de LUCA. Cette bactérie modifiée possède une membrane unique. L’expérience remet en question certaines théories sur l’évolution.

Faire revivre LUCA semble tout droit sorti d’un roman de science-fiction. Pourtant, c’est l’exploit réalisé par des chercheurs néerlandais. En modifiant génétiquement la bactérie Escherichia coli, ils ont créé un organisme dont la membrane cellulaire contient à la fois des lipides bactériens et archéens. Cette cellule hybride, sorte de « Frankenstein » moléculaire, pourrait ressembler à LUCA. Contre toute attente, cette création s’est révélée stable et même plus résistante que ses cousines naturelles. Ce résultat bouscule l’idée selon laquelle la séparation entre bactéries et archées serait due à l’instabilité d’une membrane mixte. LUCA, loin d’être un simple concept théorique, devient ainsi un sujet d’étude concret et vivant.

LUCA : un organisme plus complexe qu’imaginé

Le génome de LUCA serait plus élaboré qu’on ne le pensait. Il contiendrait environ 2600 gènes. Cette complexité soulève des questions sur l’apparition rapide de la vie.

Oubliez l’image d’un LUCA primitif et simpliste. Les dernières recherches dressent le portrait d’un organisme étonnamment sophistiqué. Son génome aurait contenu les plans de pas moins de 2600 protéines, soit bien plus que ce qu’on imaginait auparavant. Cette complexité inattendue soulève de nouvelles questions. Comment la vie a-t-elle pu devenir si élaborée en seulement 100 millions d’années ? Cette rapidité d’évolution défie notre compréhension actuelle. Certains scientifiques restent sceptiques face à ce scénario, préférant l’idée d’un LUCA plus simple. Ce débat illustre à quel point notre quête des origines de la vie reste un territoire inexploré, plein de surprises et de mystères à élucider.

L’héritage de LUCA : un monde à ARN ?

LUCA aurait privilégié l’ARN à l’ADN. Il aurait vécu dans un environnement tempéré. Cette hypothèse remet en question l’idée d’une vie apparue dans des sources chaudes.

Et si LUCA préférait l’ARN à l’ADN ? Cette hypothèse, longtemps controversée, gagne du terrain. Contrairement à l’image d’un ancêtre vivant dans des sources chaudes, LUCA aurait évolué dans un environnement plus tempéré. L’ARN, molécule plus fragile que l’ADN, s’accommode mal des hautes températures. Ce n’est que plus tard que ses descendants auraient adopté l’ADN, plus stable, leur permettant de conquérir des milieux plus chauds. Cette théorie du « monde à ARN » offre une nouvelle perspective sur l’émergence de la vie. Elle suggère que les premiers organismes auraient pu se développer dans des microclimats froids, avant de se diversifier et de s’adapter à des conditions plus extrêmes. LUCA, loin d’être un organisme figé, apparaît comme le point de départ d’une incroyable aventure évolutive.

Nouvelle découverte d'un os de Denisova au Tibet

Les Dénisoviens, cousins méconnus de l’Homme moderne, refont surface. De nouvelles découvertes en Chine révèlent leur mode de vie sur le toit du monde, il y a plus de 160 000 ans. Ces chasseurs aguerris nous ont légué un héritage génétique crucial pour la survie en haute altitude.

Dessin d'une famille denisova

Image générée par IA (sur freepik.com)

Une découverte majeure dans une grotte sibérienne

En 2010, la grotte de Denisova en Sibérie a livré des fossiles exceptionnels. Quelques os et dents ont permis d’identifier une nouvelle espèce humaine : l’Homme de Denisova. Vivant il y a environ 200 000 ans, il était contemporain de Néandertal et de nos ancêtres Homo sapiens. La grotte a aussi révélé des traces de Néandertaliens et d’humains modernes, suggérant une cohabitation sur plus de 150 000 ans. Cette découverte bouleverse notre compréhension de l’évolution humaine.

Un cousin méconnu aux caractéristiques uniques

L’analyse génétique révèle que les Dénisoviens étaient proches des Néandertaliens, avec qui ils partageaient un ancêtre commun. Ils avaient une dentition massive, des yeux marron et la peau foncée. Leur diversité génétique égalait celle des Néandertaliens, malgré des fossiles trouvés sur un seul site. Cela suggère une répartition géographique bien plus large que la Sibérie.

Un métissage complexe à l’origine de notre diversité

Les Dénisoviens se sont mélangés avec Néandertal et Homo sapiens. Leur ADN se retrouve chez les populations actuelles d’Asie et d’Océanie, jusqu’à 4% chez les Mélanésiens. Ces échanges génétiques ont apporté des avantages adaptatifs, comme la résistance à l’altitude des Tibétains. Cette histoire de métissages complexifie notre compréhension des origines de l’Homme moderne.

Les Dénisoviens sortent de l’ombre

Longtemps restés mystérieux, les Dénisoviens se dévoilent peu à peu. Identifiés en 2010 dans une grotte sibérienne, ils sont désormais attestés au Tibet. La grotte de Baishiya, perchée à 3 280 mètres d’altitude, a livré une mandibule vieille de 160 000 ans. Plus récemment, un fragment de côte baptisé Xiahe 2 confirme leur présence sur le plateau tibétain jusqu’à il y a 32 000 ans. Ces découvertes étendent considérablement le territoire connu de cette espèce humaine disparue.

Un héritage génétique précieux

Les Dénisoviens ont légué aux Tibétains actuels une variante du gène EPAS1, cruciale pour résister au manque d’oxygène en haute altitude. Ce métissage, survenu il y a des dizaines de milliers d’années, illustre la complexité de notre évolution. Loin d’être linéaire, elle s’apparente à un réseau d’échanges entre différentes lignées humaines. Les découvertes de Baishiya soulignent l’importance de ces rencontres dans notre histoire génétique et notre capacité d’adaptation.

La biodiversité en Suisse

Exceptionnellement, comme le rapport est trop volumineux pour un résumé par Claude, je vous cite en guise d’introduction la totalité de l’ « Avant-propos » du rapport de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et je vous mets mêmes certains passages en exergue:

Une diversité biologique riche n’est pas un luxe dont nous pouvons nous passer. Elle est essentielle à notre alimentation, participe à la régulation du climat, purifie l’air et les eaux, est bénéfique à notre santé et contribue à une économie florissante. En bref : elle constitue une base importante de notre prospérité et ce fondement est en train de s’effriter. La qualité, la quantité et la mise en réseau de nombreux milieux sont aujourd’hui insuffisantes pour conserver à long terme la biodiversité de notre pays. Les listes rouges des milieux menacés en témoignent de façon particulièrement claire : près de la moitié des 167 types de milieux évalués en Suisse sont menacés.

Ces dernières années, de nombreuses mesures ont été prises afin de promouvoir la biodiversité à l’intérieur comme à l’extérieur des aires protégées. Sans ces efforts, l’état de la biodiversité en Suisse serait nettement plus dégradé. Des analyses scientifiques attestent que l’entretien des aires protégées, la mise en réseau des milieux et les mesures de développement spécifiques aux espèces portent leurs fruits. Grâce à ces interventions, le déclin de la biodiversité a pu être freiné. Cependant, de telles mesures ne suffisent pas à inverser la tendance. Pour cela, il faut une approche globale intégrant tous les domaines de la société – capable, par exemple, de favoriser la production durable de biens et de services, en particulier les denrées alimentaires. L’un des aspects prometteurs est que la promotion de la biodiversité offre de multiples bénéfices : elle  contribue de façon significative à la protection du climat, améliore la santé et constitue la base de maintes activités économiques.

Le présent rapport décrit l’état de la biodiversité en Suisse et ses principales tendances. Il présente également des exemples de réussite et des mesures politiques qui luttent contre le déclin de la biodiversité. Pour notre prospérité future, il est crucial que nous brisions cette tendance négative.

Résumé de l’article de la RTS (par ChatGPT)

Le 22 septembre, les Suisses décideront de l’avenir de leur biodiversité. L’initiative populaire fédérale propose de consacrer davantage d’espaces et de ressources pour protéger la nature. Alors que ses défenseurs la considèrent comme essentielle pour enrayer le déclin alarmant des espèces, ses détracteurs la jugent coûteuse et excessive. Ce débat met en lumière un dilemme crucial : comment concilier préservation de la biodiversité et besoins économiques?

Une initiative pour sauver la biodiversité suisse

La Suisse perd rapidement sa biodiversité : près de 35% des espèces et 48% des milieux naturels sont menacés. Pour inverser cette tendance, l’initiative sur la biodiversité veut renforcer la protection de la nature en ajoutant un article à la Constitution. Ce texte obligerait la Confédération et les cantons à accorder plus de surfaces et de ressources financières pour la sauvegarde des écosystèmes. Toutefois, l’initiative manque de précisions sur les moyens spécifiques pour atteindre ces objectifs.

Coût et impact de l’initiative

Le gouvernement estime que la mise en œuvre de l’initiative coûterait au moins 215 millions de francs suisses par an. Les opposants, dont le gouvernement, dénoncent un projet extrême qui gèlerait 30% du territoire national, limitant ainsi la production agricole et énergétique. Ils craignent également des conflits d’objectifs avec d’autres politiques publiques, comme celles sur l’énergie renouvelable.

Soutiens et critiques

Une bataille politique intense Soutenue par les Verts, le Parti socialiste et des associations écologiques, l’initiative est opposée par une large coalition de partis de droite, d’organisations économiques et agricoles. Ces opposants la jugent inefficace et craignent pour l’économie suisse. Alors que les débats se poursuivent, le peuple suisse s’apprête à trancher entre préservation environnementale et pragmatisme économique.

 

Avis personnel

Dans ma lecture, les arguments soulevés par les opposants à l’initiative sont idéologiques, basés sur la peur et contraires aux observations rigoureuses (voir le rapport de l’OFEV notamment). Si les dégâts sur la biodiversité nous semblent invisibles actuellement, nous nous rapprochons de plus en plus des points de bascules avec 50% des milieux menacés.

Nous ne pouvons plus faire comme si de rien n’était à propos des questions environnementales au risque de nous retrouver comme Kodak face au numérique ou les grands constructeurs européens de voitures: à force de mettre toute leur énergie à empêcher tout changement au lieu d’embrasser une vision d’avenir, ils se retrouvent menacés par les constructeurs chinois qui s’y sont mis il y a 10 ans. Et si les subventions illégales chinoises n’aident pas, leur paresse a eu bien plus d’impact en les transformant en dinosaures à quatre roues.

Une société respectant la nature est possible tout en améliorant notre qualité de vie si on se recentre sur des choses essentielles et un éloge de la lenteur: profiter de notre environnement immédiat, marcher pour observer et rêvasser, tisser des relations durables, plutôt que vivre dans l’émotion fugace.

Liens intéressants

Les virevoltants dans les westerns

Vie de tous les jours

Intelligence artificielle

Pour essayer l’intelligence artificielle du site Gamma.app qui permet de construire des présentations automatiques, je me suis amusé à lui faire créer une page complète à partir d’un seul prompt:

Donner au lecteur une vue d'ensemble sur l'histoire du genre humain depuis le dernier ancêtre avec les grands singes jusqu'à homo sapiens

Je n’ai fait que trois changements:

  1. Modification de la première image d’illustration pour mettre une image qui illustre l’évolution de la lignée humaine depuis l’apparition de la vie jusqu’à « homo sapiens ».
    Source: https://www.visualcapitalist.com/path-of-human-evolution/
  2. Ajout des liens sur la Wikipedia pour les différents noms d’espèces (mon objectif était un peu de fact-checking sur les dates et les noms fournis par l’IA).
  3. Correction de dates qui me semblent plus juste pour l’apparition de la famille des hominidae (10-20 mio au lieu de 6-8 mio) sur la base du Wiki (j’ai explicité les corrections en barrant le texte généré par l’IA et en écrivant ma proposition de correction en rouge).

Le résultat est assez superficiel mais donne une jolie base de travail si on désire faire une page plus complète est sérieuse.

 

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